Sécurité

Les notes sont présentées de la plus récente à la plus ancienne.

La politique des États-Unis en Afrique centrale et des Grands Lacs – Janvier 2015

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La région d’Afrique centrale et des Grands lacs ne présente pas en soi d’importance majeure pour les États-Unis, ni en termes économiques, ni dans la lutte contre l’extrémisme violent qui concerne d’autres régions du continent. L’attention américaine s’y concentre sur le règlement de conflits qui perdurent depuis les années 1990, plus particulièrement sur :

  • La situation dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) où les milices armées entretiennent la violence et interdisent toute stabilisation ;
  • Les exactions de la Lord Resistance Army (LRA) qui affectent aujourd’hui principalement la République de Centre Afrique (RCA) et la RDC, et sont présentées comme la principale menace régionale contre les intérêts américains.

Ces préoccupations américaines sont largement alimentées par les campagnes de groupes de pression à vocation humanitaire, dont les efforts de sensibilisation ont joué un rôle important sur les positions prises par le Congrès comme par l’Administration Obama. Cela s’est traduit par une implication diplomatique plus forte dans le dossier congolais et un engagement militaire significatif en appui des forces régionales luttant contre la LRA. À côté de ses deux initiatives, la politique régionale reste axée sur une ligne définie dès la fin des années 1990, celle du soutien aux partenaires stables et capables de contribuer aux objectifs privilégiés de Washington dans l’ensemble de l’Afrique orientale : la stabilisation et surtout la lutte contre le terrorisme. De ce point de vue, les États-Unis appliquent dans les Grands lacs, comme dans le reste du continent, une stratégie indirecte fondée sur l’assistance économique et le renforcement des capacités des forces de sécurité, focalisée sur l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi.

Les armées ougandaises : un instrument de contrôle intérieur et de positionnement régional – Décembre 2014

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  • L’Uganda People’s Defence Force (UPDF) entretient des liens symbiotiques avec le parti au pouvoir du Président Museveni, le National Revolutionary Movement (NRM). Ceci s’explique par le passé de lutte commune ; l’UPDF étant l’héritière de la National Revolutionary Army (NRA) avec laquelle l’actuel président saisit le pouvoir en 1986.
  • Constituant le bras armé du nouveau régime dans une société segmentée entre le Nord et le Sud du pays, l’UPDF s’est engagée contre tous les ennemis de l’État NRM, qu’il s’agisse des rébellions du Nord et de l’Est du pays ou des États adversaires que sont le Soudan du Président El Bechir et la RDC de la dynastie Kabila. L’UPDF s’est progres­sivement transformée en une puissance militaire à vocation régionale, capable d’intervenir loin de ses bases, tout en mettant le régime ougandais à l’abri d’un renversement par les armes.
  • Toutefois, avec le changement de génération d’officiers et de cadres au sein de l’UPDF, se pose la question de la permanence de la fidélité au régime. En effet, les nouveaux venus n’ont pas connu l’épopée de la révolution ou la guerre avec la RDC. La transformation de l’ancienne guérilla révolutionnaire maoïste en une force interarmées capable d’assurer la défense des intérêts régionaux du pays implique des financements sur lesquels le régime ne peut faire l’impasse.
  • La fidélisation de l’institution militaire est engagée depuis 2004 avec le financement d’un « processus transformationnel » fondé sur une modernisation des équipements et une professionnalisation des personnels.
  • La modernisation est garantie par l’accès de l’UPDF aux ressources pétrolières et gazières en cours de développement, tandis que la professionnalisation est assurée par des « opérations de maintien de la paix » dirigées contre la LRA et les islamistes Shebabs, donc activement soutenue par des alliés extérieurs occidentaux.
  • En retour, l’accélération donnée aux activités d’extraction et d’exploitation pétrolière a entraîné une militarisation de certaines régions ougandaises en vue d’assurer leur sécurité (Lac Albert) ; donc raffermi encore plus le contrôle de l’UPDF sur le pays.
  • Au niveau régional, les nouvelles capacités aériennes et d’intervention ougandaises confèrent un leadership incontestable à Kampala dans les organisations régionales (IGAD et EASF) et en font un interlocuteur incontournable sur les questions de sécurité (soutien au Sud-Soudan du président KIIR). La nouvelle puissance militaire ougandaise contribue même à engager une course régionale aux armements avec le Soudan et commence à susciter la méfiance d’un pays allié comme le Kenya.

En conclusion, le NRM dispose d’une réelle garantie de longévité interne et le Président Museveni d’un prestige international qui le font courtiser par de nombreux pays émergents (Chine, Russie, Indonésie, Turquie, Corée du Nord) en mesure de remplacer une alliance avec les Occidentaux, le cas échéant. L’UPDF en tire un bénéfice direct avec des budgets de défense maintenus à 2% du PIBM et des ressources économiques profitables pour les cadres et la haute hiérarchie militaire.

Coup d’arrêt dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix en RDC et dans la région des Grands Lacs – Novembre 2014

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Malgré près d’une douzaine d’accords de paix, de négociations et d’initiatives de réconciliation, la communauté internationale n’est pas parvenue, en quinze ans, à résoudre les conflits récurrents dans la région des Grands Lacs, ni à reconstruire, en République Démocratique du Congo (RDC), des institutions légitimes et stables. L’Accord-cadre signé sous les auspices de l’Union Africaine (UA) et des Nations Unies (ONU), à Addis-Abeba, en février 2014, semblait tirer les leçons des échecs passés. Il prévoit, en effet, de s’attaquer aux causes profondes de la crise qui sont à la fois régionales et congolaises, d’impliquer plus vigoureusement les acteurs régionaux ainsi que leurs organisations – Conférence Internationale pour la Région des Grands Lacs (CIRGL) et Communauté pour le Développement de l’Afrique australe (SADC) – dans sa résolution, de mettre en place un double mécanisme de suivi, chapeauté par des responsables onusiens de haut niveau et enfin, de donner à la Mission de stabilisation des Nations Unies au Congo (MONUSCO) une nouvelle Brigade d’intervention plus efficace.

Un an après sa signature, tous les observateurs constatent que la mise en œuvre de l’Accord-cadre est en panne et que les responsables, multilatéraux ou nationaux, ne semblent pas en mesure de la relancer. La question du désarmement des combattants du Front Démocratique de Libération du Rwanda (FDLR), que le Rwanda a mis, depuis 1996, au centre de toute solution de la crise, s’est une fois encore révélée comme un obstacle infranchissable ; la dure réalité des intérêts économiques nationaux et les stratégies de développement divergentes qui en découlent ont continué à fissurer les organisations sous régionales et ont considérablement affaibli leur impact ; les consé­quences sur les États de la Région de la nouvelle approche « anti-terroriste et sécuritaire » des problèmes de la région par la communauté internationale ont changé l’ordre des priorités et la hiérarchie des alliances. Enfin, les agendas électoraux chargés dans plusieurs pays de la zone (Burundi, Congo, RDC et Rwanda), au cours des trois prochaines années, et les risques de déstabilisation que ces élections laissent craindre, viennent encore compliquer la mise en application des volets régionaux et congolais de l’Accord qui pourrait bien connaître finalement le même sort que ses nombreux prédécesseurs.

RDC : un an après l’accord-cadre d’Addis Abeba, où en sont les réformes et la réconciliation ? – Décembre 2013

Source : lefigaro.fr/AFPSource : lefigaro.fr/AFP

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A la veille du sommet qui doit réunir les 30 et 31 janvier prochains, à Addis-Abeba, les Chefs d’État et de gouvernement des onze pays signataires de « l’Accord-cadre du 24 février 2013 pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la Région », les engagements pris par le président Kabila et son gouvernement ainsi que la feuille de route signée il y a bientôt un an, vont être au centre des débats. Après le succès militaire et diplomatique enregistré par le gouvernement congolais face aux rebelles du M23 en octobre dernier, les envoyés spéciaux dans la région, Mary Robinson pour les Nations Unies et Russ Feingold pour les États Unis, s’inquiètent ouvertement du retard pris par Kinshasa pour engager les réformes structurelles et la nécessaire réconciliation dont les mises en œuvre conditionnent le rétablissement d’une paix durable dans la région, au même titre que le respect, par tous, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la République Démocratique du Congo.

Le présent article tente de faire un état des lieux des principales réformes que la RDC s’est engagée de promouvoir dans les domaines de la sécurité, de la justice et des institutions.

Militaries and Security Provisioning in Africa: an appreciation of Kenya, Uganda and Rwanda – Novembre 2013

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AFP SIMON MAINA - Source : sudouest.fr© Photo AFP SIMON MAINA - Source : sudouest.fr

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Cette note analyse la capacité de trois Etats de l’Afrique de l’Est à assurer la sécurité au plan national et régional. Il répond à trois principales questions ; sur les différents modes et systèmes sécuritaires des armées kenyane, ougandaise et rwandaise, sur les capacités de ces Etats de l’Afrique de l’Est à maitriser les importantes menaces internes et régionales auxquelles ils font face, sur les probables possibilités de maitriser la géographie changeante, au fil du temps, de ces menaces.

Cette note souligne que le rôle en évolution, mais différent, des forces militaires dans la région s’inscrit dans des cultures militaires respectives c’est aussi en fonction des croyances et des comportements inspirés par la notion de volonté générale et d’esprit public. La volonté des élites dirigeantes de définir et de sécuriser les objets sécuritaires, au-delà des intérêts des régimes, facilite l’innovation dans la procédure sécuritaire, ce qui permet la connexion entre les cultures militaires et l’évolution de la pensée stratégique. De cette nouvelle donne résulte une flexibilité stratégique qui permet une marge de manœuvre plus grande pour maitriser les menaces sécuritaires. Le contraire entraine l’insécurité avec de multiples identités sous-cultures militaires négatives. Cette note essaye également de contextualiser les défis auxquels la sécurité de ces Etats fait face avec la découverte de ressources stratégiques entre d’une part la structure étatique verticale et d’une autre part les menaces asymétriques changeantes.

RDC : une nouvelle étape dans la déconstruction de la IIIème République

Photo Stringer. Reuters - Source : liberation.frPhoto Stringer. Reuters - Source : liberation.fr

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L’étude des pouvoirs provinciaux, gouvernements et assemblées, sept années après les élections qui leur ont donné naissance, oblige à dresser un bilan désastreux de ces institutions qui portaient pourtant en elles l’espoir des constituants de 2006 et l’aspiration a des temps meilleurs d’une population congolaise qui venait d’approuver massivement la nouvelle constitution a  plus de 80%.

Confrontées à des difficultés logistiques immenses, dépourvues de ressources financières, très rapidement minées par les conflits d’hommes et d’ambitions et, depuis 2011, privés de légitimité par l’absence de renouvellement électoral, les gouvernements provinciaux et les assemblées provinciales ont surtout été les victimes d’un pouvoir central qui n’a jamais accepté de perdre, à travers la décentralisation, son contrôle sur l’argent et sur les populations.

Cette faillite des pouvoirs provinciaux n’est que l’une des conséquences de l’entreprise plus vaste de dé-légitimation des institutions publiques et d’extension illicite des mandats, mise en œuvre de façon systématique et silencieuse par le président Joseph Kabila et sa majorité. Si l’on n’y prête garde, la RD Congo pourrait bien, en 2016, ne plus disposer d’institutions légitimes sans être pour autant pourvue de perspectives électorales proches et réalistes. Bien plus que l’article 220  de la Constitution dont tout le monde parle, il semble que ce soit la formule de l’article 70 : «A la fin de son mandat, le Président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu »  qui soit devenue, à Kinshasa, l’unique disposition  intangible de la Constitution de 2006, déjà subrepticement révisée en 2011.

Approche comparée de la RSS dans les Grands Lacs – Octobre 2013

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Les programmes de réforme du secteur de la sécurité (RSS), actuellement en cours, concernent majoritairement l’Afrique : 12 sur 14 selon les Nations Unies. Deux se déploient encore dans les Grands Lacs en 2013. Conçue à l’origine par les organisations de la communauté internationale, la RSS fait maintenant l’objet d’une appropriation par l’Union africaine et les différents organismes de l’architecture de paix et de sécurité du Continent.

L’expérience empirique et les leçons apprises des programmes passés font l’objet d’un corpus doctrinal dense, mettant en avant les principes jugés indispensables pour la réussite de la RSS : celle-ci soutien le processus de paix et accompagne la sortie de conflit d’un pays : elle doit être globale et ne pas se limiter à l’armée et à la police ; son appropriation par les bénéficiaires est indispensable à la pérennité des réformes ; la coordination des initiatives des nombreux partenaires internationaux doit être assurée localement ; la première étape s’appuie sur un processus de désarmement, démobilisation, réinsertion (DDR) réussi, relayé par une réintégration dans le tissu économique et social des anciens-combattants.

En Afrique des Grands Lacs, le Multi-Country Demobilization and Reintegration Program (MDRP) a permis (entre 2002 et 2010) de gérer la démobilisation de près de  300 000 anciens combattants de 7 pays impliqués dans les guerres de la région. Il a  été relayé depuis par un organisme de conseil, le Transitional Demobilization and  Reintegration Program (TDRP). Une fois franchie l’étape de la DDR, les  programmes de RSS ont pu être engagés au Burundi, au Rwanda, en République  Démocratique du Congo (RDC). Si les deux premiers ont pu aboutir à des résultats,  l’expérience a échoué en RDC.

Au Burundi, la RSS constitue le cœur des Accords d’Arusha, car elle implique une  représentation équitable des communautés au sein des institutions de sécurité (armée,  police et justice 60 % en faveur des Hutus, 40 % en faveur des Tutsis). Le processus a
progressé mais reste tributaire des tensions politiques. La question de la justice  transitionnelle demeure pendante.

Au Rwanda, pays sorti vainqueur militairement des conflits des Grands Lacs, la RSS  concerne principalement la police et la justice. Le gouvernement a piloté la réforme  de telle manière que le maillage policier et judiciaire renforce désormais son contrôle  sur la société.

En RDC, la RSS n’existe plus en tant que programme cohérent, en dépit de nombreux  efforts. Le pays est encore en guerre. Le programme de DDR a subi les aléas des  ralliements et des rébellions des groupes armés dans l’Est. Le gouvernement central  n’entend retenir de la réforme militaire que des gains capacitaires immédiats pour les  brigades nécessaires à la reconquête de l’Est. La police et la justice ne sont pas des  priorités, l’insécurité interne qui en découle n’étant pas jugée comme une menace  existentielle contre le régime.

In fine, contrairement à la crainte de nombreux auteurs, il y a bien eu « appropriation » de la RSS par les gouvernements locaux selon leur propre agenda. Mais celle-ci est quelle que peu différente de celle imaginée par les partenaires extérieurs.

Situation sécuritaire et perspectives dans les Kivu ? – Octobre 2012

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Point 1 : Les enjeux de la situation dans les Kivu : Depuis le génocide rwandais de 1994, les Kivus n’ont plus connu la paix. Vastes espaces riches en ressources agricoles et minières, relativement peu peuplés et surtout sous administrés par les régimes qui se sont succédés à Kinshasa, les deux provinces sont vues comme des territoires à conquérir et à développer par les voisins de la République Démocratique du Congo (RDC) et par certaines grandes multinationales peu scrupuleuses. De leur avenir dépendra celui de RDC et au-delà l’avenir de la paix en Afrique centrale.

Point 2 : La reprise des affrontements : causes et conséquences : Après la grande conférence sur la paix dans les Kivu de 2008 et les espoirs mis dans la politique de décentralisation en RDC, une certaine stabilité semblait rétablie. Malheureusement, l’accord déséquilibré de mars 2009 avec le Congrès national pour la Défense du Peuple (CNDP), la mascarade électorale de 2011 et les nouveaux enjeux économiques apparus avec le pétrole et le gaz dans cette région, ont une nouvelle fois aiguisé les envies et favorisé la reprise des combats ainsi que l’apparition d’une nouvelle rébellion. Avec près de 250 000 nouveaux déplacés, le Nord Kivu est en train d’assister à la résurgence des milices armées et craint le retour des guerres ethniques.

Point 3 : Une Communauté internationale hésitante : Face à la nouvelle crise, la communauté internationale parait hésitante et divisée. Tandis que les Nations Unies et certains États occidentaux semblent vouloir condamner le Rwanda pour son soutien au Mouvement du 23 mars M-23, les pays de la région des Grands Lacs temporisent et parlent de l’envoi d’une « force neutre ». La MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en RD Congo) critiquée pour son inactivité semble condamnée à l’immobilisme par l’interprétation minimaliste de son mandat fait par son leadership depuis de nombreuses années.

Point 4 : Une nouvelle ambition pour la paix : La solution du conflit et au-delà des problèmes récurrents des Kivu passe par la confirmation, par le Conseil de Sécurité, d’un nouveau mandat ambitieux pour la MONUSCO. Celui-ci devra comprendre un volet externe – mesures permettant le retour à la paix avec les pays voisins, notamment le Rwanda – et un volet concernant les réformes indispensables à mettre en œuvre en RDC – réformes institutionnelles, refonte de l’armée et des services de sécurité, restauration des libertés publiques et reprise de la décentralisation après des élections crédibles.

Point 5 : Conclusion : De sombres scénarios : L’inaction de la communauté internationale pourrait mener, à plus ou moins long terme, le pays vers une vaste déstabilisation qui affectera la région des Grands Lacs puis l’ensemble de l’Afrique centrale. Insécurité grandissante dans les Kivu et, par contagion, en Ituri ; aggravation des tensions ethniques jusque dans la capitale, accélération de la désagrégation de l’armée, accentuation de la répression contre l’opposition et les défenseurs des droits humains, liquidation de l’acquis démocratique construit depuis 2003.

Le fait milicien dans les Kivus en République Démocratique du Congo – Juillet-Août 2012

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Au Kivu (République Démocratique du Congo, RDC), tant au Nord que dans le Sud, le recours à la violence armée est devenu une stratégie « normale » et systématique de régulation des conflits, de production économique et d’accès au pouvoir. Il s’agit d’une « guerre multidimensionnelle », ce qui signifie que son étiologie ne peut pas être ramenée à une cause unique comme par exemple, l’économie de guerre ou l’ingérence du Rwanda. Elle est le produit d’une combinaison synergique de plusieurs facteurs. Par ailleurs, la récurrence des phénomènes violents, la montée aux extrêmes et la perpétuation du fait milicien sont des constantes dans la région qui annihilent et pénalisent, au-delà des règlements régionaux et internationaux, toute sortie ou gestion pérenne des conflits.

Pour comprendre ce fait milicien le contexte et les facteurs structurels généraux, politiques et géopolitiques, ainsi que les dynamiques socioculturelles et structurelles sur lesquelles ils reposent, sont ici examinés au regard de l’évolution récente depuis 1993, avec un focus particulier à compter de 2009.

Le cas des jeunes est particulièrement étudié. En effet et au-delà d’une vision attachée aux images des enfants soldats, l’enrôlement des jeunes est aussi un engagement qu’il convient de prendre en considération.