Situation sécuritaire et perspectives dans les Kivu ? – Octobre 2012

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Point 1 : Les enjeux de la situation dans les Kivu : Depuis le génocide rwandais de 1994, les Kivus n’ont plus connu la paix. Vastes espaces riches en ressources agricoles et minières, relativement peu peuplés et surtout sous administrés par les régimes qui se sont succédés à Kinshasa, les deux provinces sont vues comme des territoires à conquérir et à développer par les voisins de la République Démocratique du Congo (RDC) et par certaines grandes multinationales peu scrupuleuses. De leur avenir dépendra celui de RDC et au-delà l’avenir de la paix en Afrique centrale.

Point 2 : La reprise des affrontements : causes et conséquences : Après la grande conférence sur la paix dans les Kivu de 2008 et les espoirs mis dans la politique de décentralisation en RDC, une certaine stabilité semblait rétablie. Malheureusement, l’accord déséquilibré de mars 2009 avec le Congrès national pour la Défense du Peuple (CNDP), la mascarade électorale de 2011 et les nouveaux enjeux économiques apparus avec le pétrole et le gaz dans cette région, ont une nouvelle fois aiguisé les envies et favorisé la reprise des combats ainsi que l’apparition d’une nouvelle rébellion. Avec près de 250 000 nouveaux déplacés, le Nord Kivu est en train d’assister à la résurgence des milices armées et craint le retour des guerres ethniques.

Point 3 : Une Communauté internationale hésitante : Face à la nouvelle crise, la communauté internationale parait hésitante et divisée. Tandis que les Nations Unies et certains États occidentaux semblent vouloir condamner le Rwanda pour son soutien au Mouvement du 23 mars M-23, les pays de la région des Grands Lacs temporisent et parlent de l’envoi d’une « force neutre ». La MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en RD Congo) critiquée pour son inactivité semble condamnée à l’immobilisme par l’interprétation minimaliste de son mandat fait par son leadership depuis de nombreuses années.

Point 4 : Une nouvelle ambition pour la paix : La solution du conflit et au-delà des problèmes récurrents des Kivu passe par la confirmation, par le Conseil de Sécurité, d’un nouveau mandat ambitieux pour la MONUSCO. Celui-ci devra comprendre un volet externe – mesures permettant le retour à la paix avec les pays voisins, notamment le Rwanda – et un volet concernant les réformes indispensables à mettre en œuvre en RDC – réformes institutionnelles, refonte de l’armée et des services de sécurité, restauration des libertés publiques et reprise de la décentralisation après des élections crédibles.

Point 5 : Conclusion : De sombres scénarios : L’inaction de la communauté internationale pourrait mener, à plus ou moins long terme, le pays vers une vaste déstabilisation qui affectera la région des Grands Lacs puis l’ensemble de l’Afrique centrale. Insécurité grandissante dans les Kivu et, par contagion, en Ituri ; aggravation des tensions ethniques jusque dans la capitale, accélération de la désagrégation de l’armée, accentuation de la répression contre l’opposition et les défenseurs des droits humains, liquidation de l’acquis démocratique construit depuis 2003.