Burundi

Les élections de 2015 au Burundi : enjeux, inquiétudes, espoirs et inconnu(e)s – Novembre 2014

Source : theguardian.comSource : theguardian.com

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Les prochaines élections sont un enjeu pour la consolidation de la démocratie et de la paix-sécurité, leur succès serait un gage pour le devenir de la société burundaise, la réconciliation nationale, toujours en chantier. Le Burundi peut-il vivre un second rendez-vous politique manqué ? L’échec ou le mauvais déroulement du processus électoral, à l’image de qui se passa lors du précédent cycle électoral en 2010, ouvriraient la voie à deux risques majeurs, soit une épreuve de force qui renforcerait le penchant autoritaire du pouvoir actuel, victorieux par défaut, soit un troisième tour électoral conflictuel avec un arbitrage des militaires. De tels scénarios, avec le repliement ethnique qui leur serait associé, signeraient l’arrêt, sinon la fin, d’une expérience politique originale pour la région, celle d’une reconstruction nationale de nature consensuelle et consociative. Ces enjeux historiques, à long terme, sont-ils conciliables avec les visions mais aussi avec les enjeux ou intérêts à court terme, les stratégies d’un pouvoir politique, d’une classe politique et de leurs relais locaux, les cadres intermédiaires, leurs organisations de jeunesse présents sur le terrain qui sont, seront maîtres du jeu, en fin de compte du cours que la classe politique donnera aux événements.

Bien qu’attendues comme des temps de renouveau, de redistribution voire d’accélération historique, les élections sont bien souvent à l’image du paysage politique et du climat politique et social pré-électoral et en partie prisonnières de ces dynamiques, une crise politique larvée depuis 2010 et les fièvres politiques en 2013-14, qui soulèvent des inquiétudes. Ces inquiétudes sont tempérées par des espoirs mitigés bien que subsistent des questions sur les capacités de gestion et de dépassement de cette histoire tragique, tant au sein de la classe politique et de ses partenaires, des institutions, plus généralement de l’environnement social et culturel. Enfin quel sera la part du moment électoral et de ses contingences, les inconnues tant sur les ambitions que les stratégies des acteurs politiques se surimposent au tableau général et brouillent les scénarios entre possible et probable.

Situation socio-politique du Burundi, 10 ans après la signature de l’accord d’Arusha : quelles perspectives ? – Juillet 2012

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Le Burundi est entré dans un processus démocratique depuis la signature (2002) et l’application de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation. Cet accord a mis fin à la guerre et permis la mise en place de nouvelles institutions politiques, une nouvelle armée ainsi qu’une nouvelle police. En même temps, il a institutionnalisé les quotas ethniques qui doivent se retrouver dans ces nouvelles institutions.

Le renforcement de ses institutions est passé par les élections démocratiques organisées déjà deux fois au Burundi. Les élections de 2005 n’ont pas provoqué de contestations car, de l’avis de tous les partenaires, elles ont été bien organisées. En dépit des enjeux de chaque parti, tous les acteurs ont accepté les résultats de ces élections. Les institutions démocratiques commençaient alors à se consolider malgré quelques difficultés liées essentiellement à l’inexpérience des nouveaux gestionnaires.

Les élections de 2010, qui ont été organisées dans un climat de tensions politiques, furent contestées par certains acteurs politiques, ces derniers accusèrent le pouvoir d’avoir manipulé les résultats de l’élection communale. Cette contestation a généré une crise politique. Elle a montré que les leaders politiques burundais sont incapables de trouver des solutions aux problèmes qui se posent à la démocratie. Tous les acteurs se sont radicalisés, donnant libre cours aux réflexes autoritaires qui ont fini par dominer les logiques démocratiques. Ce contexte comme les enjeux immédiats, individuels et collectifs des autorités expliquent ce raidissement du pouvoir qui est tombé dans « un autoritarisme démocratique », ou de basse intensité mais violant les droits de l’homme et la loi.

La sortie de cette crise exige la consolidation de la démocratie par une transformation des leaders politiques en « leaders transformateurs » capables de produire des sens politiques façonnant un « citoyen démocrate ». C’est pour cela que les scénarii possibles sont les suivants : la relance du dialogue démocratique, le non-respect de l’Accord d’Arusha, le renouvellement interne des élites, le renforcement de l’autoritarisme démocratique, etc.