Des élections en 2015 peuvent-elles sortir la RCA de la crise ? – Décembre 2014

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  1. Les éléments constitutifs d’une crise de longue durée semblent être réunis aujourd’hui en République centrafricaine (RCA) :
    • Les groupes armés se fragmentent en une galaxie de baronneries locales, toujours plus difficiles à contrôler, au regard desquelles la force de maintien de la paix ne semble pas véritablement dissuasive. La montée en puissance tardive de la MINUSCA, qui ne sera pleinement opérationnelle qu’au début de l’année 2015, questionne la capacité de la communauté internationale à rétablir pleinement la sécurité, préalable indispensable à l’organisation d’élections générales. Les autorités de la transition sont politiquement affaiblies, et leur contrôle territorial extrêmement réduit.
    • Le processus électoral, initialement prévu en février 2015 et désormais en août, s’enlise dans des difficultés logistiques et financières alors que le contexte sécuritaire ne permet toujours pas une mise en œuvre des opérations préélectorales (planification et mise en place des démembrements de la commission électorale, lancement des opérations d’enregistrement des électeurs, etc.). Le Code électoral prévoit par ailleurs des dispositions compliquées à mettre en œuvre, dont l’enrôlement biométrique. L’Autorité nationale des élections, pierre angulaire du bon déroulement du processus, pâtit également d’un manque de moyens. Ces problématiques attiseront les tensions qui entoureront le processus, et accroissent le risque de le voir reporter sine die.
  2. Dans ce contexte, le rétablissement d’un minimum de compromis permettant d’envisager une sortie de crise implique, par-delà la poursuite des interventions internationales :
    • Une reconstitution des capacités de l’État, notamment de sa capacité à maintenir l’ordre public, par la mise en œuvre prioritaire d’une réforme des forces armées (FACA) et l’accélération urgente du programme de démobilisation / démili­tarisation (DDR) ;
    • La reconstruction progressive d’un compromis social, par un processus insti­tutionnel de réconciliation nationale mais également un soutien à la société civile (médias, partis politiques, associations d’expression) ;
    • Un soutien logistique, financier et rapide au processus électoral, afin d’éviter un report sine die qui menacerait le rétablissement d’autorités un minimum légitimes. Sans ce scrutin, le gouvernement de transition risquerait de s’enliser encore longtemps dans les questions fortement clivantes – si ce n’est inextri­cables – de la révision constitutionnelle.