Les enjeux et effets induits attendus des grands investissements énergétiques – projets hydroélectriques dans l’Afrique des Grands Lacs – Novembre 2012

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L’augmentation de la capacité de production hydroélectrique dans une aire allant de la RDC à l’Éthiopie, et l’interconnexion des grands réseaux électriques régionaux en Afrique, suscitent un engouement infrastructurel sans précédent qui s’exprime en dizaines de milliards de dollars d’investissement dans la prochaine décennie.

A l’ouest de l’Eastern Africa Power Pool (EAPP) l’immense potentiel hydroélectrique de la RDC motive l’élaboration d’interconnexions des réseaux vers l’ouest, le centre et le sud de l’Afrique. A l’est de l’EAPP, l’intégration des réseaux devrait permettre l’interconnecter les pays situés entre l’Égypte et l’Afrique du Sud dans la prochaine décennie.

La grande infrastructure (barrages, lignes électriques longue distance et intercon­nexion des réseaux) est un instrument qui favorise la coopération interétatique. Mais elle renforce également une dynamique de morcellement de l’Afrique des Grands Lacs en sous-blocs régionaux, l’intégration des réseaux électriques ne coïncidant pas avec les coopérations et intégrations régionales existantes.

Si elle ne peut pas être isolément un facteur d’éclatement de la RDC, l’intégration par les réseaux électriques renforce les conséquences territoriales d’une dynamique économique centrifuge déjà à l’œuvre en RDC, qui s’ajoute au mouvement de décentralisation.

Les projets hydroélectriques et les lignes à haute tension qui y sont rattachées devraient surtout être destinés à l’exportation d’électricité vers des pays où la demande est plus solvable, au nord et au sud de l’Afrique. La part de l’électricité dévolue à la      consommation domestique dans la production des grandes installations hydroélec­triques à venir sera limitée.

Cet engouement infrastructurel ne peut masquer des questions de fond relatives à l’endettement de ces États, aux conséquences de ces investissements lourds sur le prix de l’électricité, et à la pertinence d’un modèle de développement dans cette zone fondé sur des Partenariats Publics Privés (PPP) de très longue durée, entre 30 et 40 ans.

La part de l’hydroélectricité dans le bouquet (ou mix) énergétique des pays des Grands Lacs (hors mis le Kenya) va s’accentuer dans les prochaines années. L’accroissement de la dépendance à cette énergie primaire expose davantage ces pays à des incertitudes relatives au changement climatique, à l’évolution comparative des prix de l’hydroélec­tricité et des hydrocarbures, et à des risques de gouvernance.