Les élections kenyanes de mars 2013 : le calme est-il désormais acquis ? – Août 2013

Lire ou télécharger la note : Les élections kenyanes de mars 2013 : le calme est-il désormais acquis ? (août 2013)

Les élections du 4 mars 2013 devaient servir de test majeur quant à la capacité du Kenya à dépasser les violences électorales : le dernier scrutin présidentiel, qui avait conduit à la réélection de Mwai Kikabi face à Raila Odinga, avait en effet débouché sur une grave crise postélectorale fin 2007/début 2008, provoquant environ 1 300 morts et le déplacement de plus de 600 000 personnes.

L’acceptation sans violence par le camp de Raila Odinga de la décision de la Cour suprême validant l’élection d’Uhuru Kenyatta dès le premier tour, alors même que les conditions matérielles du scrutin étaient contestables, pourrait spontanément conduire à conclure à un calme électoral désormais définitivement acquis : si l’élection a été contestée, les perdants ont privilégié un mode de contestation institutionnalisé, celui du recours contentieux devant la Cour suprême, et en ont rapidement et pacifiquement accepté le verdict.

Pour autant, cette issue pacifiée ne doit pas conduire à conclure à la fin de la violence qui marque la compétition politique au Kenya. Ce scrutin a été tout aussi chaotique que par le passé, même s’il n’a pas débordé sur des violences généralisées.

Ainsi, des violences localisées intenses, sur fond d’appels au vote communautaire par les coalitions partisanes, ont caractérisé la période préélectorale, débouchant sur des primaires de partis toutes aussi tendues qu’à l’accoutumée.

Le saut qualitatif réalisé par l’administration électorale, dont la faillite avait été constatée en 2007, n’était par ailleurs pas suffisant pour exclure toute perspective de contestations et donc de débordements.

Au final, le calme relatif qui a caractérisé les périodes de campagne puis de procédure contentieuse en 2013 a été rendu possible par une conjoncture très particulière bien plus que par une évolution radicale de l’administration et de la compétition électorales. En effet, la mémoire encore très vive de la crise de 2007/08, mais également un écart de voix très important entre les deux candidats du premier tour de la présidentielle (près de 830 000 voix), ont manifestement conduit les parties en compétition à s’autoréguler pour éviter toute radicalisation dans l’issue du processus.

Ce faisant, le calme relatif de ce scrutin de 2013 semble avant tout conjoncturel et par conséquent réversible. Il paraît dès lors indispensable que les efforts et les investissements réalisés par l’administration électorale soient poursuivis dans la perspective des prochains scrutins.