Les élections de mars 2013 au Kenya : la réforme de l’administration électorale est-elle en capacité de prévenir une nouvelle crise ? – Décembre 2012-Janvier 2013

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Le Kenya illustre le paradoxe qui caractérise de nombreuses transitions démocratiques en Afrique subsaharienne, c’est-à-dire la persistance d’épisodes de violence voire d’affrontements au sein de la société alors que même que le vote est censé permettre d’organiser la compétition politique et sociale de manière pacifique.

Ainsi, depuis le retour au multipartisme au début des années 1990, les quatre élections présidentielles kényanes ont toutes été marquées par des violences, les plus graves étant survenues en 2007/2008 après la proclamation des résultats : plus de 1 200 personnes tuées et près de 300 000 déplacées.

La victoire de l’opposition en 2002 et l’élection de Mwai Kibaki à la Présidence paraissaient pourtant être une marche déterminante vers l’aboutissement de la transition démocratique, après quarante de pouvoir du parti unique. Pour autant, cette transition s’est retrouvée bloquée, tant sur le plan institutionnel (réforme constitutionnelle systématiquement avortée) que sur les plans politique et social (fortes inégalités, notamment économiques et foncières, rivalités entre communautés, ravivées à des fins politiques).

Au final, les racines de la violence post-électorale de 2007/2008 sont profondes et affèrent à des problématiques qui habitent le Kenya depuis son Indépendance (équilibres entre communautés notamment). Pour autant, le fiasco organisationnel de l’administration électorale en 2007 semble être un élément cristallisateur déterminant, qui explique pour partie le basculement dans la crise (première partie).

La réforme constitutionnelle votée en 2010 ainsi que la réforme de l’administration électorale ont depuis lors modifié l’environnement électoral et sont de nature à mieux sécuriser la tenue d’un processus pacifié. Néanmoins, certaines étapes clés du processus demeurent fragiles (établissement des listes électorales, détermination des circonscriptions électorales, développement des nouvelles technologies dans la gestion des résultats, mécanismes de prévention des conflits) et par la même sujettes à possible contestation lors du scrutin de 2013 (seconde partie).

Or la situation politique kényane demeure très volatile, des incidents ayant déjà été répertoriés tandis que la proximité des procès de la Cour pénale internationale des responsables des violences de 2007/2008 attise les tensions au sein des compétiteurs, certains des candidats au scrutin de 2013 devant être auditionnés par cette Cour dans l’entre-deux tours de l’élection. Ces dynamiques laissent apparaître le scrutin 2013 comme une élection à hauts risques (troisième partie).